WEST SIDE STORY

LE PALIO – BOULAZAC
6 ET 7 AVRIL 2024

Entretiens avec les 9 artistes-enseignants du Conservatoire à Rayonnement Départemental de la Dordogne

PARTIE 1 : LES CORDES
Qu’est ce qui vous a amené à l’enseignement de la musique ?

Vincent (violoncelliste) : Je faisais un double cursus en histoire-russe et j’ai eu une opportunité en tant qu’étudiant du conservatoire de faire un remplacement. Avec un pied dans l’engrenage, j’ai trouvé ça très intéressant. J’avais peur que la réalité du métier vienne gâcher le plaisir de l’instrument et en fin de compte… pas du tout ! Quand j’ai eu en cours mes premiers élèves, je me suis aperçu que j’appréciais l’enseignement. Grâce à ça, je suis devenu meilleur musicien que je ne l’étais. Les élèves grandissent et ça me touche de voir qu’ils arrivent à un bon niveau. Enfin, je n’imaginais pas que le métier était autant mobilisant !

Aïman (violoniste) : Mes professeurs m’ont donné envie de faire de la musique au conservatoire du Caire. A 6 ans, j’ai commencé par le darbouka parce que j’adorais le sens du rythme. En ce qui concerne mes débuts au violon… A la télé, je regardais des orchestres et le son m’a donné envie. Quelqu’un de ma famille en jouait aussi. Mais ce qui m’a donné envie d’enseigner, ce sont mes profs au Caire et en Allemagne. Je restais après les cours pour observer leur façon d’enseigner la musique. Pour moi, jouer n’est pas assez, si tu peux partager c’est mieux !

Olivier (violoniste) : J’étais titulaire d’un orchestre tout en étant enseignant. Je travaillais dans des écoles municipales et associatives alors que j’étais en fin d’études. Je me suis rendu compte très vite que faire de l’orchestre et partir tout le temps ne me convenait pas ! J’avais envie de stabilité. Alors de fil en aiguille, j’ai passé mon diplôme d’état d’enseignant et j’ai rapidement eu un poste.

Béatrice (altiste) : J’avais envie de partager ma passion ! Ce sont mes parents qui m’ont permis de faire de la musique et je n’ai pas arrêté depuis ! Tout s’est fait naturellement.

Marie-Laure (contrebassiste) : J’ai toujours eu l’envie de faire de la musique mais j’ai commencé tardivement, à 15 ans. J’ai débuté l’enseignement lorsque j’étais encore étudiante au conservatoire. Tout s’est fait naturellement, en faisant à côté une pratique d’orchestre. Ça fait maintenant 33 ans que j’enseigne au CRDD !

 

Que préférez-vous dans votre métier ?

Vincent : J’adore partager. Je ne suis pas dans une posture de professeur. Je dis à mes élèves : « J’ai un peu d’avance sur vous » mais je les considère comme membres d’un groupe. On est plus forts à être plusieurs que tout seul. La pratique collective est importante dans mon enseignement.

Aïman : J’adore le mélange de partage et de jouer ! C’est gratifiant de voir ses élèves progresser.

Béatrice : Voir la progression des élèves. C’est gratifiant de voir que nos élèves peuvent participer à des projets comme ceux-là.

Marie-Laure : J’aime le fait de transmettre aux élèves l’envie de continuer, d’être toujours dans la découverte et l’adaptation.

 

Quels sont les difficultés liées à ce métier d’artiste-enseignant ?

Vincent : Je n’en vois pas vraiment. Il faut démonter les mécanismes, chercher les morceaux qui vont faire progresser les élèves. C’est être toujours renouvelé.

Aïman : Pédagogiquement, c’est un défi de répondre aux diverses attentes des élèves, en termes de sensibilité musicale.

 

Que vous apporte de jouer au Labopéra ?

Vincent : C’est la première fois que je participe à une production d’opéra ! C’est oublier le professeur que je suis pour être musicien. Je venais d’un établissement où il n’y avait pas autant de propositions artistiques pour les enseignants. Le Labopéra me permet de faire connaissance avec mes collègues dans un autre contexte. Je me nourris également des conseils des autres.

Aïman : Ce n’est pas la première fois que je joue à l’opéra. C’est important pour un professeur de jouer, car après une série de concerts, il enseigne différemment, beaucoup mieux. Ça nourrit la pédagogie. Depuis le COVID, on jouait beaucoup moins. Dès que le Labopéra est arrivé, j’ai senti que c’était un renouveau !

Béatrice : Jouer de l’opéra puisque j’ai rarement eu l’occasion, jouer avec les collègues et voir des élèves participer à ce projet, c’est très chouette.

Marie-Laure : Ça relance, ça entretient et ça nourrit le métier d’enseignant. C’est complémentaire parce qu’on n’est pas fait pour jouer tout seul. On a besoin de partager !

 

Comment se passe votre travail de transmission et d’encadrement au sein de l’orchestre ?

Vincent : Je suis partenaire de mes élèves. Je suis disposé à travailler pour qu’on aille tous dans la même direction. Et il y a une super ambiance dans notre pupitre de violoncelle !

Aïman : En cours, on travaille ensemble les passages difficiles.

Marie-Laure : C’est une mise en situation pour les élèves. Quand ils sortent de là, ils ont fait d’énormes progrès au niveau des réflexes parce qu’ils sont confrontés à tous les modes de jeu. Il faut qu’ils réagissent assez vite. Des fois, ça vaut toutes les explications qu’on pourrait leur donner en face à face. C’est un moment privilégié !

Olivier : Je leur sers de guide. On a travaillé la partition en amont avec les élèves dans un temps dédié pour ça. Je les encadre donc du début à la fin.

 

Avez-vous des anecdotes de coulisse à nous raconter ?

Vincent : J’ai vécu un super concert quand j’ai quitté mon ancien conservatoire avec mes 32 violoncellistes ! L’émotion était à son comble.

Aïman : J’ai rêvé que je montais sur scène avec les mauvaises partitions… heureusement, ce n’était qu’un cauchemar !

Olivier : Je faisais du tennis à un niveau assez haut et j’allais prendre un cours de violon. J’ai posé ma raquette à l’arrière de la voiture et mon violon sur le toit… Je suis parti… Au premier virage, j’ai entendu un bruit de carton et j’ai retrouvé le violon dans le caniveau.

Béatrice : C’était à une répétition pour Le Petit Ramoneur de Benjamin Britten. Nous étions tous dans le noir, éclairés par des lampes de pupitre. Mon mari a voulu allumer la sienne et il a accidentellement appuyé sur le bouton qui contrôlait toutes les lumières. Tout le monde a cru à une panne d’électricité !

Marie-Laure : Quand j’étais étudiante, je me souviens d’un fou rire en stage d’orchestre sur une fausse note dans le pupitre. Ce n’était pas moi qui l’avais fait ! Mais c’est tombé si soudainement que nous avons eu un gros fou rire… Impossible de jouer !

PARTIE 2 : LES CUIVRES ET LES PERCUSSIONS
Qu’est-ce qui vous a amené à l’enseignement de la musique ?

Stan (percussionniste) : Il fallait que je gagne un peu d’argent en tant qu’étudiant et j’ai eu l’opportunité de donner des cours dans une association. C’était mon premier rendez-vous pédagogique alors que je n’avais que 17 ans. J’ai découvert qu’il y avait quelque chose qui me plaisait dedans. En étant gamin, j’ai également eu la chance de prendre des cours avec des professeurs passionnés et j’ai eu envie de faire pareil.

François (trompettiste) : J’avais la chance d’être dans une famille de musiciens, j’étais bercé dedans. La musique, ça a changé ma vie et je pense que ça transforme profondément la vie des gens. Je trouvais ça tellement extraordinaire que je voulais le partager et le faire découvrir !

David : Au départ, je ne voulais pas enseigner la musique, je voulais jouer dans un orchestre ! Mon professeur de musique à l’école, avec qui on jouait de la flûte à bec, m’a transmis son goût pour la musique et l’envie de jouer. C’est une personne qui m’a marqué. Je pense qu’on est avant tout musicien parce qu’il y a quelque chose qui résonne en nous.

 

Que préférez-vous dans votre métier ?

Stan : La polyvalence, de passer de l’artistique au pédagogique. Artistiquement, je fais des choses très différentes de mon métier d’enseignant.

François : J’aime les situations concrètes avec les élèves, comme le Labopéra. Ce sont les moments qui font photographie et dont on se rappelle, des instants qui nous marquent pour toute la vie. Je trouve que ce sont les moments les plus formateurs parce que les élèves font énormément de progrès.

David : Je transmets mes connaissances et j’accompagne les élèves à se réaliser. J’aime quand je sens que le fluide passe, c’est valorisant. Ce qui est beau, c’est l’engagement de soi par rapport aux élèves. Je ne fais que transmettre ce que j’ai reçu !

 

Que vous apporte de jouer au Labopéra ?

François : En Périgord, ça recrée des opportunités de jouer et d’entendre de la musique. C’est l’occasion pour moi de transmettre aussi ce que j’ai reçu en formation avec des grands orchestres. Finalement, on apprend cette technique très particulière qu’est le métier d’orchestre.

David : Comme pour tous, ça amène la cohésion sur le département ! C’est une belle opportunité qui permet de mieux se connaître et de décloisonner.

 

Comment se passe votre travail de transmission et d’encadrement au sein de l’orchestre ?

Stan : On prend un temps chaque semaine selon les besoins. Quand je suis en répétition, j’aide mes élèves à comprendre le métier de musicien à l’orchestre. Ce sont des choses qu’on ne peut pas apprendre quand on travaille la partition : savoir quel est ton rôle en tant que musicien, comment te comporter par rapport au chef, comment prendre des repères dans la musique… Tout ce qui est à côté.

François : Dès qu’on joue, j’essaie d’être à l’affût de tous les instruments à vent. Je les accompagne pour travailler l’équilibre de son, l’attaque d’une note (dure, très droite, rebondie ?). J’ai toujours les oreilles ouvertes. Comme un artisan qui apprend à son apprenti, mon rôle est de rectifier la trajectoire et de donner des repères. Apprendre l’orchestre, c’est trouver une matière de son, une texture de son, de la résonance… qui font que ça va fonctionner avec l’ensemble, les solistes et le chœur.

David : Mon rôle est une forme de présence pour mes élèves au sein du pupitre. Être présent, c’est donner parfois un petit coup de pouce discrètement.

 

Quels apports le Labopéra induit dans le travail des élèves concernés par le projet ?

Stan : Pour eux, c’est une mise en pratique formidable de ce qu’on fait en cours. Ils n’écoutent pas forcément de l’opéra chez eux. Le fait d’être à l’intérieur de l’ensemble, de se rendre compte de cette réalité. Ça se sent dans la motivation ! Je vois que ça leur apporte beaucoup d’assurance, un « oser jouer ». Je pense aussi que le projet les a fédérés, c’est un moment à eux et entre eux.

David : Je peux être avec eux et jouer avec eux. On est donc dans le vif de l’enseignement. Enseigner, ce n’est pas être à côté mais jouer avec.

 

Que vous apporte le fait de jouer de la musique en public ?

Stan : Je ne sais pas ce que ça m’apporte mais en tout cas, c’est la raison pour laquelle je fais ce métier ! C’est le plaisir d’être sur scène et cette exigence du « une seule fois ». En concert, tu n’as qu’une chance. Le retour du public est aussi très intéressant.

François : C’est le but de mon métier ! C’est trop incroyable pour ne pas être partagé. C’est égoïste d’apprendre un instrument pour jouer dans sa chambre. C’est toujours pour des gens, jamais pour soi, ça n’aurait aucun sens.

David : C’est toujours la valorisation de ce que l’on fait, que ce soit pour les élèves ou pour nous, professeurs. Ça permet d’aller au-delà et de partager, de transmettre sa passion. Le public est un miroir et permet de faire ressentir au-delà de soi. C’est du domaine de l’âme et c’est magique !

 

Avez-vous des anecdotes de coulisse à nous raconter ?

Stan : J’étais plus jeune. Un jour en concert, une de mes baguettes de timbales s’est cassée. La partition était très dure à jouer. J’étais persuadé que tout le monde avait remarqué, y compris le public. A la fin du concert, j’ai jeté l’autre baguette dans le public sans réfléchir et je me suis demandé pourquoi j’avais fait ça alors que personne n’avait remarqué…

François : J’ai un oncle qui est chanteur d’opéra et qui chantait à l’opéra de Lyon. A 9 ans, j’ai eu la chance d’aller écouter tout le montage de l’opéra. Je me rappelle d’une répétition avec le chef d’orchestre Kent Nagano. Je suivais de mon siège le conducteur. C’était un moment privilégié de voir la construction d’une répétition. C’était magique et c’est ce qu’on retrouve dans le Labopéra !

David : On répétait avec l’Union Musicale de Bergerac et je venais d’acheter un instrument tout neuf avec un pavillon démontable. A la fin de la répétition, j’ai rangé mon instrument en oubliant mon pavillon dans la salle. Je devais me dépêcher à partir puisque j’avais le concert d’un quintet de cuivres à Périgueux. Une fois arrivé là-bas, je me prépare, j’ouvre ma boite et je ne vois pas mon pavillon. A ce moment-là, je suis convaincu que les autres musiciens ont voulu me faire une blague. Un collègue de pupitre me dit donc : « Ça ne fait rien, tu joueras sans pavillon ! ». J’ai dû appeler le président de l’UMB pour qu’il me ramène mon pavillon avant le concert !

Un grand merci à l’équipe d’artistes-enseignants du Conservatoire à Rayonnement Départemental de la Dordogne pour leur confiance et leur engagement au sein de l’orchestre symphonique du Labopéra Périgord-Dordogne.

Pour plus d’informations au sujet du Conservatoire à Rayonnement Départemental de la Dordogne : www.crddordogne.com

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